A quoi ressemble une bonne stratégie de contenu au XXIème siècle ? A l’heure de la surenchère dans la production des contenus en ligne, comment publier moins mais mieux pour se recentrer sur l’essentiel ? C’est la question centrale du sens que nous avons décidé d’interroger en créant KONTNÜ, une nouvelle association dédiée aux professionnels du contenu.
Prendre du recul sur nos métiers face aux enjeux du XXIème siècle
Bien rodée, une stratégie de contenu peut s’avérer redoutablement efficace, notamment grâce à des campagnes de content marketing ciblées sur des objectifs précis. Elle permet d’exploser les compteurs lors d’une levée de fonds pour un documentaire sur l’écologie comme « Demain, » d’augmenter les abonnements de 20% à l’Opéra de Paris, d’aider une ONG à gagner une pétition sur le chalutage en eau profonde et même de faire élire un président, mais quelle vision du monde soutiennent les professionnels du contenu ?
Je rentre du salon du etourisme à Pau où je me rends régulièrement avec plaisir pour suivre les innovations numériques dans le secteur du tourisme. Cette année encore, les conférenciers nous ont régalés avec la passionnante intervention de Dadi Gudjonsson, responsable de la géniale stratégie de contenu « Inspired by Iceland » et Jean Blaise, le metteur en scène du « Voyage à Nantes » : un programme aux petits oignons dont je vous reparlerai !
De quoi parlerons-nous en ligne si nos sociétés s’effondrent demain ?
Mais cette fois-ci, le salon s’est terminé de manière un peu spéciale par un moment fort avec l’annonce d’un manifeste pour la transformation écologique du tourisme. « De quoi parlerons-nous ici au Salon du etourisme si nos sociétés s’effondrent demain ? » s’est demandé Guillaume Cromer sur la scène du Palais Beaumont, faisant référence au livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens « Tout peut s’effondrer » paru aux éditions du Seuil en 2015, mais aussi au livre vainqueur du prix Pullitzer 2015 « La 6ème extinction, comment l’homme détruit la vie, » au livre de Jared Diamond « Collapse » cité plusieurs fois cette année par notre premier ministre Edouard Philippe, ou à la multitude d’articles parus dans la presse ces derniers temps sur les risques liés à l’effondrement de la biodiversité et au réchauffement climatique. Ces risques menacent tous les écosystèmes et les être vivants qui en dépendent, dont les humains, comme l’évoquaient ensemble les personnalités réunies à Bordeaux lors de l’emblématique festival Climax en septembre dernier.
« Comment agir concrètement pour mobiliser toute l’industrie du tourisme autour des enjeux vitaux ? Quelles actions mettre en oeuvre pour engager une transformation des territoires vers ces enjeux ? Quels comportements encourager et quelles technologies favoriser ? » Voilà quelques-uns des sujets abordés par les intervenants présents sur la scène, puis dans les échanges avec la salle.
Le salon s’est terminé par l’annonce des 5 axes du manifeste :
> Adopter la sobriété digitale
> Aborder une vision sociétale
> Prioriser un tourisme local
> Rendre l’écologie désirable
> Fin de la propriété et transparence
Ces 5 axes ont été acceptés en plénière. Le comité régional du tourisme de La Réunion s’est engagé à revenir l’année prochaine en introduction du salon 2019 pour témoigner de leurs efforts afin d’obtenir des résultats concrets sur ces différents points.
Alors moi forcément, je me suis demandé : « de quoi parlerons-nous en ligne si nos sociétés s’effondrent demain ? »
La transition numérique est profondément dépendante de la situation écologique.
Ces professionnels du etourisme ont ainsi rappelé une vérité essentielle : la dépendance du web aux matières premières et aux ressources énergétiques est totale. Pour fonctionner correctement le web a besoin d’un contexte géopolitique stable, avec un réseau en bon état et des ressources énergétiques maintenues à un niveau élevé.
Or, le numérique consomme actuellement 10 à 15 % de l’électricité mondiale et cette consommation double tous les 4 ans ! Si nous continuons à ce rythme, le chercheur Gerhard Fettweis affirme que la consommation du web atteindra en 2030 la consommation mondiale de 2008, tous secteurs confondus. Lire à ce propos le dernier rapport du Shift project « Pour une sobriété numérique », ainsi que le livre blanc « Numérique et environnement » publié par la FING et le WWF. La situation n’est pas soutenable.
Arrêter la surenchère dans la production de contenu
Notre profession conçoit des campagnes dans lesquelles les vidéos tiennent une place de plus en plus importante. Nous avons une responsabilité forte dans l’overdose et la surenchère de production des contenus comme le rappelait Dixxit dans son article « Créateurs de contenu, stop ! Il est temps de passer au slow content. » Nous avons aujourd’hui de nombreuses pistes à explorer ensemble pour repenser la façon dont nous produisons ces contenus.
L’année prochaine, nous fêterons les 50 ans de la naissance de l’Arpanet, l’ancêtre d’Internet, en 1969. Il me parait plus que temps de nous interroger sur le sens global de nos innovations, de réfléchir à l’avenir que nous souhaitons construire à travers nos pratiques professionnelles et de nous poser sans relâche la question du sens de ce que nous faisons : à quoi ressemble une bonne stratégie de contenu au XXIème siècle ? A l’heure de la surenchère dans la production des contenus en ligne, comment publier moins mais mieux pour se recentrer sur l’essentiel ? Qu’est-ce qui est réellement utile au vivant ? A l’humain ?
Naissance de l’association Kontnü pour faire le plein de sens
C’est cette question centrale du sens que nous avons décidé d’interroger en créant KONTNÜ, une nouvelle association dédiée aux professionnels du contenu – info com., référencement, marketing, expérience utilisateur, architecture de l’information, information design, stratégie de contenu – avec quelques aventuriers du domaine 🙂
Aujourd’hui, les citoyens, les publics attendent des entreprises et des territoires qu’ils réfléchissent à ce qu’ils peuvent faire pour s’insérer harmonieusement dans leur milieu : plus de 90 % des Français sont sensibles aux pratiques qu’ils mettent en œuvre pour préserver l’environnement (étude GoudLink 2018). Nos publics aspirent à trouver des entreprises et des territoires qui s’engagent, des marques qui les aident à mettre du sens et de l’ordre dans leur vie. Le contenu – véhicule de l’intelligence – donne du sens, et nous refusons de produire du contenu pour nourrir des machines, avec comme seule vision de l’humain celle d’un “consommateur”, d’un “prospect”, d’un “acheteur”. Notre métier, c’est de traduire des idées, les faire germer, les organiser, les transmettre, les valoriser, les rendre visible, les faire émerger et partager.
Dans un monde en pleine mutation, nous pensons que la stratégie de contenu doit permettre aux entreprises et aux organisations de créer du sens pour elles-mêmes et pour leurs audiences en prenant en compte le contexte dans lequel elles évoluent. Voici donc l’esprit originel qui nous anime, Lise Janody, Muriel Vandermeulen, Sébastien Monnier, Ferréole Lespinasse, Pascal Béria et moi-même, fondateur.trice.s de l’association. Nous espérons que vous serez nombreux à nous rejoindre pour réfléchir avec nous.
Se rassembler, partager nos idées et notre expertise !
L’idée ?
- se rassembler pour partager sa connaissance, ses méthodes, ses idées, ses success stories et son expertise,
- se rencontrer IRL lors d’événements privilégiés
- faire partie d’une communauté de pros du web engagés sur des valeurs humaines, prête à questionner ses pratiques, à s’interroger sur le sens de l’innovation numérique
Rendez-vous pour échanger sur les destinations possibles à nos prochaines pérégrinations :
- Contenus. Le contenu donne sens. Quel sens ?
- Stratégies. Notre métier ? Traduire des idées, non ?
- Expériences. Le lien, donc ? Entre la marque et les gens ? Entre l’entreprise et les citoyens ? Et d’ailleurs, peut-on encore parler de marque ou faut-il désormais parler d’entreprise ou de territoire, et de leur philosophie, de leurs valeurs prouvées au quotidien dans des actes concrets ?
Pour démarrer en beauté, rendez-vous le 18 janvier 2019 pour la première édition du colloque KONTINUÜM organisée en partenariat avec les étudiants du Master HuMan de l’université de Paris Ouest 🙂
Nous accueillons tous les compagnons dans ce voyage vers le connu et l’inconnu du monde des contenus. Pour adhérer à l’association KONTNÜ, c’est par là.
A très vite !
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