Nous célébrons cette année les 5 ans de la signature des Accords de Paris, un texte fondateur pour la lutte contre le réchauffement climatique. Pour fêter cet anniversaire et le retour des Etats Unis dans les Accords de Paris, je vous propose de redécouvrir une série d’interviews que j’avais réalisés en 2015 pour Place to B, projet génial porté par la journaliste Anne-Sophie Novel et Nicolas Bienvenu en marge de la COP21, consacré à la réflexion autour des récits de la transition écologique.
Et pour démarrer, voici un extrait du premier interview de cette série avec le point de vue d’Isabelle Delannoy, auteure de l’essai L’Economie symbiotique publié aux éditions Actes sud et coscénariste du film Home de Yann Arthus Bertrand. Elle a participé à l’aventure du nouveau film de l’auteur de « La Terre vue du ciel », Legacy, sombre, magnifique et bouleversant portrait des liens entre l’Humanité et la Biodiversité. Elle nous partage ses réflexions sur la manière de raconter l’avenir.
Isabelle, l’écologie a parfois encore du mal à trouver sa voie vers le cœur du grand public aujourd’hui. Comment expliques-tu le problème ? (NDLR : c’est de moins en moins vrai. Les problématiques environnementales préoccupaient 72 % de la population française, dont 90% des jeunes de 18 à 24 ans en 2019, source Harris Interactive.)
Isabelle Delannoy : « C’est parce que l’on est enfermé dans un paradigme. Les mots que nous employons pour parler de l’écologie reflètent une conception dépassée. Notre civilisation vit une mutation globale, une métamorphose profonde. Une civilisation, c’est un ensemble de techniques, de cultures et de représentations du monde. Aujourd’hui, si nous voulons raconter le nouveau monde, nous devons trouver de nouveaux mots.
(…)
Penses-tu qu’Internet puisse jouer un rôle dans cette transformation du langage, dans la créativité linguistique et narrative dont nous avons besoin pour traduire cette nouvelle pensée ?
Internet peut permettre aux citoyens de reprendre la main sur le récit de cet avenir en marche. Aujourd’hui, on attend de nos dirigeants qu’ils changent le système alors que cette responsabilité nous incombe. Si nous continuons à faire des récits en partant d’une autorité supérieure, pyramidale, alors tout semble bloqué, très éloigné du citoyen. Mais si on se défait de ce schéma, alors on voit que tout bouge.
Si nous voulons changer notre récit, nous devons faire attention nous-mêmes à ne plus être dans le paradigme pyramidal ou déconnectés du vivant. Nous devons montrer dans les mots l’intelligence du vivant et la manière dont les hommes peuvent rendre beau leur écosystème. Nous devons parler de l’homme en tant qu’espèce positive.»
Lire l’interview complet sur le site de Place to B, publié sous le titre
« La crise écologique est une crise mythologique » Storytelling et écologie #1
Note : l’Accord de Paris a été ouvert à la signature le 22 avril 2016 – Jour de la Terre – au siège des Nations Unies à New York. Il est entré en vigueur le 4 novembre 2016, 30 jours après que le « double seuil » (ratification par 55 pays représentant au moins 55 % des émissions mondiales) ait été atteint.
(C) Photo de Une – USGS – Anti-Atlas Maroc
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